- pleige
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⇒PLEIGE, subst. masc.DR., vx. Personne qui sert de caution, de garant. Il s'est offert pour pleige et caution dans cette affaire (Ac. 1798-1935). On ne voit plus les parents arrêtés en pleige de leur fils, les habitants des villages frappés solidairement des peines applicables à un réfractaire (CHATEAUBR., Mém., t.2, 1848, p.502).— P. métaph. N'est-ce pas qu'au besoin pour moi tu serais pleige; Et que dans ton coeur jeune, honnête, indépendant, L'avenir du poète aurait un répondant? (POMMIER, Crâneries, 1842, p.182).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Lar. Lang. fr.:,,On écrivait aussi plège``. Étymol. et Hist. Ca 1100 «garant, celui qui est donné comme caution, comme garantie; personne qui sert de répondant à une autre» (Roland, éd. J. Bédier, 3846). Prob. issu d'un b. lat. plebium, plevium (att. au VIes. dans la Loi salique, éd. K. A. Eckhardt, t.2, 2, p.398), dér. de plebere «garantir» (VIIIes., Lex Romana Curiensis ds NIERM.), lui-même issu, prob. sous l'infl. de praebere «présenter, offrir», de l'a. b. frq. plegan «cautionner, garantir», que l'on peut restituer d'apr. le m. néerl. pleghen «se porter garant», l'a. h. all. plegan «promettre, garantir», l'a. sax. plegan «être responsable de, se porter garant de», v. FEW t.16, pp.634-635.
DÉR. Pleiger, verbe trans., vx. Donner comme caution. À ce jeu, les Sauvages pleigent leurs femmes, leurs enfants, leur liberté; et lorsqu'ils ont joué sur promesse et qu'ils ont perdu, ils tiennent leur promesse (CHATEAUBR., Voy. Amér. et Ital., t.1, 1827, p.184). — [], [ple-], (il) pleige [
]. Att. ds Ac. 1694-1878. Lar. Lang. fr.:,,On écrivait aussi pléger``. Voir BESCH. 1845: plei- ou plé-. Graph. ei maintient [
]. Conjug.: e devant a et o: pleigeant, pleigeons. — 1res attest. a) ca 1200 «répondre de quelqu'un, lui servir de garant» (Renaut de Montauban, 303, 13 ds T.-L.), b) déb. du XIIIes. «répondre de quelque chose; assurer, garantir» (RAOUL DE HOUDENC, Vengeance Raguidel, 4619, ibid.), c)
) fin du XIVes. plegier «tenir tête (à quelqu'un) en buvant» (EUSTACHE DESCHAMPS, OEuvres compl., éd. G. Raynaud, t.7, p.120, 16),
) ca 1462 plegier qqn «id.» (Cent nouvelles nouvelles, 29, éd. Fr. P. Sweetser, p.199, 88); de pleige, dés. -er. L'a. fr. employait aussi plevir «donner quelque chose en garantie à quelqu'un; assurer quelque chose à quelqu'un» (ca 1100, Roland, éd. J. Bédier, 403, 968), de plebire, issu de plebere (v. pleige), prob. sous l'infl. de garantir et garir (guérir), v. FEW t.16, pp.634-635.
pleige ou, vx, plège [plɛʒ] n. m.ÉTYM. 1080, plege, Chanson de Roland; pleige, fin XVe; bas lat. plebium « caution », d'un v. francique plegan « répondre de (qqn) ».❖♦ Vx. (Mot déjà archaïque au XVIIe siècle, mais employé jusqu'au XIXe siècle, par ex. par Chateaubriand). Personne qui se porte garant pour une autre personne. ⇒ Caution, garant. || « Se rendre pleige » (Pascal, Provinciales) : se porter garant. — En pleige de qqn, en tant que caution (et, par ext., comme otage).0 (Les pythagoriciens) poussaient si loin la charité, que l'un d'eux condamné au supplice par Denis le tyran trouva un pleige qui prit sa place dans la prison.♦ Garantie.❖DÉR. Pleiger.
Encyclopédie Universelle. 2012.